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intervenir in situ - B/B : photographies    


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Lorsque nous avons décidé de travailler ensemble, nous avons choisi un champ d’expérimentation hors de nos pratiques personnelles, un milieu neutre et commun : l’atelier sans murs. Le site est devenu le cadre, la scène où se joue désormais la théâtralisation de rapports entre nous, avec les autres, les gens du coin, les partenaires, et des espaces de peu, non-vus, souvent délaissés ou oubliés, fragments de nature, de campagne plutôt, cadre souvent proche, familier.

Le projet artistique de B/B envisage dès lors le site et en use avec circonspection. Notre implication dans le lieu vise obstinément une issue technico-plastique adaptée à chaque situation-événement ; il s’agit de matérialiser avec et en un lieu un processus d’appropriation temporaire, possession passagère d’un espace que nous tentons d’apprivoiser. Importe ici l’expérience directe ; travailler in situ, c’est réagir au lieu, l’activer ou le réactiver en nous appuyant sur les données du site, interprétation du lieu et du milieu, d’une histoire : que ce soit pour s’adapter ou pour modifier un regard, aspect parfois plus subversif par la dimension crititique de l’intervention.

Nous exploitons par mimétisme technique des modalités opératoires des milieux rencontrés. La réappropriation, l’interprétation des pratiques ordinaires de la territorialisation - même transitoire - produit les figures réglées de nos positions respectives, manières d’être au monde, d’habiter, co-existence qui s’aménage avec les données du lieu. Nous tendons ainsi à chaque fois à matérialiser un processus d’avènement et d’abandon d’un lieu, pour nous et pour les autres. Apprivoiser un bout de terrain, c’est tenter de le faire sien autant qu’il nous fait être, le temps de l’habitation : drame à trois, entre nous deux et un espace qui n’est jamais neutre. 

Les réalisations demandent alors de la part du public une attitude active, invitation à agir/réagir non seulement par adhésion implicite, mais par fréquentation/appropriation. Aussi nos ouvrages intègrent-ils le plus souvent le parcours par un tracé qui traverse la réalisation. Le temps de la réappropriation annonce en même temps celui de la disparition, de l’intégration paysagère et sociale. Ici convient de considérer la contrat tacite avec le milieu physique et social.

Depuis quelques années nous nous attachons d’ailleurs plus particulièrement à développer la prise en compte plus large des données sociales, spatiales et temporelles : le sauvetage de lieux en perte de sens, la prise en compte du partenariat, implication dans le processus même, la production et l’entretien.

La prise en compte de la taille plus importante des sites pose la question de l’échelle, qu’elle soit dans le rapport au paysage ou celle des moyens mis en œuvre, le chantier. La dimension temporelle demande alors un autre rapport au lieu et à la durée, dimension cyclique du temps, saisonnière, et échelles de temps prenant en compte la l’évolution et la modification de la configuration physique.

© bruni/babarit
   octobre 2001