Accueil Installations Expositions Editions Projets Invitations Biographie Textes Liens Contact

- - - - - - - - - - - - - - -
Liste complète des installations :

Pour un paysage d'eau Bancs Publics L'arbre tombé Des gains collatéraux Au bout du tunnel / Grotesque / Documentaire La Sablière dans la mangrove L'Embarcadère Conversation, par jours de pluie Le Cratère La Fontaine La friche Carbolux Le Camp de l'Ermitage La barque Longue-vue-la-Masure 14 bancs face à face Balance La maison des aulnes

- - - - - - - - - - - - - - -
Bruni/Babarit



- - - - - - - - - - - - - - -
Version anglaise
Installation

Balance : monter - descendre / descendre - monter, changer de point de vue pour mieux éprouver le marais


L'Esprit des Lieux
Domaine de Chamarande, France

Exposition du 3 juillet à fin décembre 2011

"L’Esprit des lieux, c’est favoriser au fil des saisons le dialogue entre création contemporaine, patrimoine bâti et environnement paysager. Par la réalisation de pièces sur site, les artistes cherchent à « habiter » le Domaine et se confrontent à son histoire. L'Esprit des lieux permet également d’enrichir la collection du Fonds d'art contemporain (FDAC) de l'Essonne. Vous retrouverez dans le parc les créations de Dominique Angel, Pedro Cabrita Reis, Alain Declercq, Marie Denis et des Donuts ou encore de Philippe Ramette, Bert Theis et Elmar Trenkwalder. Cette année, deux artistes ont investi les espaces du Domaine : Gilles Bruni le Marais, et Laure Tixier le Potager."

Inauguration du 3 juillet 2011

Performance musicale de Amaury Bourget [ + ]
« Parcours d’eau » de Seamus Farrell [ + ]
Lectures géo-poétiques par Nathalie Blanc [ + ]

Repères

Situation : marais du parc de Chamarande, à proximité de la Juine

Période de réalisation : février – juin 2011

Matériaux : tourbe issue du creusement de la mare, remontée d’eau dans la partie creusée, fascines de saules provenant du parc, ganivelles de châtaigner

Dimensions : dispositif d’environ 45 m : 15,50 m de diamètre pour la mare et 15 m de diamètre pour le tas + 30 m rampe, et environ 140 m de chemin

Participations : Fernando et Davy de l’entreprise Bonnin Pascal, animateur patrimoine et paysage et Cécile, chargée de mission jardin et paysage de Chamarande ; Alexandre et Patrick, Jardiniers du Parc ; Boris, stagiaire à Chamarande ; le groupe Kéopse (Luc, Guillaume, Luc, Mohammed, Yannick et Gisèle)


Nature-fiction à Chamarande
Nathalie Blanc Directrice de recherche au CNRS UMR LADYSS 7533 et géographe-poète - 2011

L'esthétique environnementale s’intéresse aux caractéristiques de l'appréciation et de la création des environnements naturels ou construits qui procurent une satisfaction de type esthétique. Elle vise également à mieux rendre visible les enjeux d'une esthétique contemporaine qui concerne la fabrique de l'environnement. Quel sentiment de la collectivité émerge dans la mise en place d'une esthétique partagée à l'égard de l'environnement ? De quel type de défi esthétique (et éthique) relève la contemplation et la fabrication contemporaine des environnements ?

Mais qu'entend-on par environnement ? L'environnement ce sont les lieux où nous vivons, travaillons et jouons... Ce sont les lieux ordinaires de notre vie quotidienne pris sous un angle qui avait été éludé jusqu'ici, celui des rapports entre nature et culture, entre ce qui naît et devient, et ce qui se produit et se pense... Celui des rapports entre la matérialité culturelle et symbolique et celle scientifique et technique...

L'environnement requiert une représentation par les mots, les images ou les sons. Quelle écriture écologique conviendrait à l'inscription d'une évolution importante des natures de la culture et des cultures de la nature ? Toute solution est solution à un problème c'est à dire résolution d'un ensemble cohérent d'énoncés en une ou plusieurs propositions certaines. Ce schème de la problématisation scientifique n'est peut être pas applicable à l'extrême complexité et singularité des dysfonctionnements et problématiques écologiques que soulève notre mode de développement dès le XIXème siècle. Comment dès lors penser même ces évolutions écologiques ? L'esthétique environnementale, en ce sens, ne consiste pas simplement à attirer l'attention sur un registre de faits ignorés jusqu'alors. Elle tend à faire émerger une nouvelle façon d'énoncer le drame écologique.

L’exemple du travail de Gilles Bruni dans le domaine de Chamarande est parlant. L’artiste assume un existant donné par la nature du site et sa reconnaissance : des excavations du marais doivent êtres réalisés dans le parc de Chamarande pour en assurer une gestion plus écologique et redonner toute sa place à l’eau ; ces écosystèmes creusés vont en effet constituer des abris humides pour des espèces végétales et animales qui jusqu’ici n’avaient pas leur place. Débordant ce qui est un nouveau cadre de gestion, Gilles Bruni propose de créer un "tas" avec la terre résultant du déblais pour construire un belvédère relié à une mare par une rampe : « Le point de vue sur le marais est contrebalancé par le point de vue depuis la mare. L’"immersion" est progressive, dans la végétation, le regard se porte au niveau du marais… » Gilles Bruni raconte ainsi une nouvelle histoire ; il crée une scène pour un drame qui n’était pas présent. Là, en effet, où l’on croit que la gestion d’un écosystème est technique, il s’avère qu’on est confronté à la mise en perspective d’un drame écologique Cette valorisation artistique de l’action technique montre bien que la problématisation technique de la nature reste une fiction tant qu’elle ne fait pas place à ce qui est en vérité environnement humain : les vies impliquées dans un territoire, son histoire, les valeurs qu’il incarne, les populations qu’il abrite.

Il entre donc dans la conception de l'esthétique environnementale de travailler tout à la fois sur les formes de l'environnement et sur celles de la représentation, quelles que soient ces dernières. Notons également que le postulat principal de cette approche « dramaturgique » est que la complexité et la singularité des situations écologiques, conjuguées à la multiplicité et la disparité des intérêts, des opinions, des finalités en jeu, conduisent à élaborer des récits différents et concurrents à la fois pour décrire les situations en question, pour les évaluer et pour tenter de les dénouer. En atteste ainsi, au premier chef, l’extrême diversité des lieux où surgissent de manière relativement prévisible ou tout à fait impromptue, les dysfonctionnements écologiques auxquels nous sommes confrontés.



[ + ] Balance